ORLAN – Release Party à l’Olympia et au Silencio Club, 2023
Après sa performance Le baiser de l’artiste, réalisée à la FIAC en 1977, ORLAN propose le slow de l’artiste, son tout premier album « tout slow » ! Elle veut offrir ce qui nous a le plus manqué depuis le 17 mars 2020 : la chaleur humaine, les embrassades, les corps-à-corps… elle souhaite rapprocher les corps après la distanciation physique!
Elle s’est en effet rendue compte que beaucoup de ses assistants n’avaient jamais dansé le slow, et s’est dit que ça ne pouvait pas continuer ainsi, qu’elle devait faire quelque chose pour les jeunes ! Pour ce projet, elle souhaite faire découvrir et relancer cette danse comme un soin thérapeutique dans cette période encore difficile de reconstruction.
ORLAN a écrit les paroles de chaque slow, qu’elle a ensuite proposés à des musicien.ne.s afin de créer la mélodie et de chanter ses textes. Elle a ensuite inséré sa voix dans la musique, en collaboration avec la personne invitée.
Cet album regroupe les vingt slows extraordinaires créés par ORLAN en complète osmose avec des artistes fantastiques : Sir Alice, Jean-claude Dreyfus, Terrenoire, Les Tetines Noires, Les Chicks On Speed, Mimosa, Yael Naim, Tentative, Regis Campo, Myope, Blue Carmen, Les Sans Pattes, La Femme, Romain Brau, Charlie Morrow, Demi Mondaine, Charlemagne Palestine, Kat May Et Iury Lech.
Le vinyle est en vente à la FNAC et sur toutes les plateformes. Plusieurs clips ont étés réalisés pour illustrer visuellement le propos d’ORLAN : elle réalise Je suis slowsexuel.le avec Sir Alice et Les corps de métiers m’excitent avec Tentative. Un livre sera édité avec les textes écrits par l’artiste. ORLAN a performé à plusieurs reprises avec des musicien.ne.s dont Demi Mondaine sur Culture Box.
Théâtre du DEEPLEARNING questions d’ORLAN à l’ORLANoide, expo Capitale au Grand Palais,2018.
ORLAN réalise l’ORLANoide, un work in progress, en 2018 dans le cadre de l’exposition Artistes et Robots au Grand Palais curatée par Laurence Bertrand Dorléac et Jérôme Neutres. Il s’agit d’un robot humanoïde avec le visage d’ORLAN doté d’intelligence artificielle ainsi que d’intelligence collective et sociale.
Le robot, muni d’un générateur de textes et d’un générateur de mouvements, parle avec la voix d’ORLAN, car elle a enregistré 22 000 mots ensuite placés dans des MP3 séparés. L’artiste a travaillé en collaboration avec Jean-Pierre Balpe, un véritable pionnier qui a mis en ligne sur son site un générateur de texte en open source. L’installation était composée du robot et de deux grands écrans à LED avec des vidéos. L’une des vidéos était un théâtre du deep learning, les autres consistaient en des performances filmées questionnant notre époque : « J’ai faim, j’ai soif, mais ça pourrait être pire », « No baby no, où sont les écolos ? » et « Pétition contre la mort ».
C’est une œuvre témoignant de son intérêt pour l’hybridité, pour le corps machine, pour la sculpture, pour l’interactivité.
La mise en place de l’installation technique au Grand Palais a été assurée par Nicolas Gaudelet (Voxels Productions).
Actuellement, ORLAN travaille avec la société RASPIAUDIO pour développer le robot à l’aube de son exposition rétrospective au SESC Paulista de São Paulo, Brésil curatée par Alain Quemin.
Pétition Contre la Mort, Biennale d’Art Contemporain, Kiev, Ukraine, 2017
En panne programmée et sans antidote. Jusqu’à “la mort de la mort”, tel est le titre du livre de Laurent Alexandre, croyant très fermement en « la mort de la mort ».
A sa suite, ORLAN vous invite à signer sa pétition contre la mort, présente sur son site internet, et qui stipule :
“Vraiment, il y en a assez. Trop c’est trop, on ne nous a jamais demandé notre avis, ça fait des millénaires que l’on doit mourir, les autres doivent mourir, nos amis, notre famille doivent mourir. Souvent dans des douleurs insupportables, c’est dégueulasse. Cette perte de nos facultés, cette souffrance de condamné à mort.
Donc si on signe tous ensemble cette pétition, on a peut-être une chance. La participation de tous est nécessaire, et c’est le plus dur.”
Expérimentale mise en jeux , jeux vidéo– Démonstration 2015.
Produced and directed by ORLAN.
Self-hybridations Masques de l’Opéra de Pékin, Facing Designs et réalité augmentée, photo montage numérique, 2014
ORLAN s’est hybridé en 2014 avec les masques de l’Opéra de Pékin, créant alors des Self-hybridations chinoises. Dans cet opéra, les femmes sont proscrites et les hommes jouent leurs rôles.
ORLAN a fait scanner son corps et l’a ensuite fait articuler afin qu’il puisse pratiquer toutes les acrobaties de l’Opéra de Pékin. Avec un corps artificiel, toutes les distorsions deviennent envisageables, avec un corps biologique elles sont impossibles.
ORLAN a habillé ses avatars et y a ajouté des tatouages qui reprennent les mêmes motifs de la photographie hybridée. Chaque œuvre a un avatar différent qui sort du cadre de l’œuvre si l’on télécharge l’application ARTI VIVE et que l’on scanne avec elle l’œuvre d’art.
On peut alors se photographier avec ses ami.e.s et l’avatar et envoyer les photos dans le monde entier comme avec n’importe quel selfie.
Scan strip-tease de Bumpload – est une vidéo qui répond à l’idée que l’art peut être thérapeutique réalisée en 2013.
ORLAN a fait réaliser des scanners de son crâne dans la clinique de Turin à Paris afin de réaliser des œuvres en collaboration avec le groupe de designers les Sismos. A l’aide d’un logiciel sismo, ORLAN a pu réaliser une sculpture de son crâne en 3D printing et grâce à ces scans son crâne n’est pas générique mais est un crâne avec identité.
Grâce à ces scanners, les médecins ont remarqué une grande inflammation des sinus. Ce geste médico-artistique s’est avéré être vital pour ORLAN car l’art a permis d’apprendre sa maladie silencieuse et donc de la traiter.
Il en résulte une vidéo muette en noir et blanc avec une superposition numérique de ces cellules et des scans de son crâne en mouvement. Cette vidéo est toujours montrée dans une grande installation avec différents écrans
Extrait de La liberté en écorchée et deux ORLAN corps,2013
3D Video. Produced and directed by ORLAN.
Dans cette œuvre-manifeste, ORLAN souhaite dénoncer le racisme.
Pour cela, elle a choisi de réaliser son autoportrait en écorchée afin que l’on ne puisse pas lui attribuer une couleur de peau. Aucune photographie d’elle n’a été utilisée dans sa réalisation. C’est une machine qui l’a produit, sur la base d’ordres qu’elle a donnés.
Elle a souhaité mélanger deux temps, celui des planches anatomiques d’André Vésale et le nôtre, au travers d’une lecture cyborg de son corps. Celui-ci est en effet composé de diverses prothèses, certaines, permanentes, comme les bosses qu’elle a sur les tempes, et d’autres, temporaires, telles les genouillères, qu’elle a utilisées pour des performances.
Elle a également souhaité montrer un corps de femme distinct des corps décharnés et squelettiques qu’on propose sur les podiums des défilés de mode, un corps de femme mature et forte. Cette femme prend la position de la statue de la liberté afin de souligner l’importance de ces dernières.
Video of performance. Produced and directed by ORLAN.
ORLAN réalise le MesuRAGE du Musée Andy Warhol à Pittsburgh en 2012 avec une genouillère et sous anti-inflammatoires à cause d’une blessure au genoux et ce malgré la contre-indication de son médecin. ORLAN avait pour cette occasion une grande rétrospective du MesuRAGE par Eric Shiner.
Elle a mesuré avec son corps toute la façade du musée, malgré la douleur.
Des mots, des réactions,2012
French. Interview of Baudouin Jannink. Produced by ORLAN for her exhibition An Ox on the tongue / Un Boeuf sur la langue, curated by Blandine Chavanne La Chapelle de l’Oratoire, Musée des Beaux Arts de Nantes.
ORLAN hybride des drapeaux dans son œuvre vidéo ASILE/EXIL de 2011. ORLAN a travaillé avec des sans-papiers et demandeurs d’asile. D’abord en Belgique à la Cambre avec l’artiste Johan Muyle et ses étudiantes puis à Marseille. L’artiste a demandé à des immigrés installés sur le pourtour de la Méditerranée et résidant à Marseille de raconter, face caméra, leur traversée, leur périple et leur rapport à leur pays d’origine.
Puis, en s’inspirant de l’histoire de leurs déplacements, elle a hybridé leurs draps-peaux avec l’ensemble du parcours accompli, en les superposant à leur visage immobile. ORLAN a fixé leur portrait au centre de l’image et a fait passer au ralenti de gauche à droite ces drapeaux hybridés après avoir rendu l’image transparente pour transformer leur visage et les peindre, les changer de couleurs de peau en fonction des couleurs des drapeaux successivement. Il en résulte une vidéo sur laquelle chacune de ses personnes change plusieurs fois de couleur de peau et elles paraissent être dans un rêve de changement et un désir de déplacement. Poésie et philosophie font vivre différemment leurs visages et révèlent leurs espoirs, leurs pensées, leurs douleurs. La mémoire d’un pays est politique, sociale et culturelle. ORLAN a voulu transmettre, à travers cette œuvre, l’idée qu’un peuple n’est pas une ethnie mais il se construit au fil des immigrations. La vidéo a été montrée en boucle dans le Pavillon de l’exil pensé et présenté par Mounir Fatmi dans le cadre d’un festival organisé par Leïla Voight à Marseille en 2017.
Directed by ORLAN and produced by ORLAN and l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels de la Cambre, Brussels, for the exhibition “Est-ce que vous êtes Belge?”.
NO COMMENT, 2009. 4’44”. Produced and directed by ORLAN.
No-comment est une sculpture-installation créée contre le harcèlement du football. Elle est composée d’une grande croix faite de châssis et de toile tendue, sur laquelle est projetée une vidéo dans laquelle ORLAN a mixé le son des matchs de foot et de la messe, créant une bande-son entre rumeurs et clameurs.
Au pied de la croix, il y a une centaine de ballons de football où ORLAN a fait imprimer des extraits du cantique des cantiques les plus érotiques.
Un des ballons est sacralisé sur un socle blanc carré en bois et préservé par une cloche de pléxiglass.
ORLAN interroge le phénomène de société qu’est le football qui nous envahit.
Elle fait le parallèle entre religion et football, c’est pour cela qu’elle mélange le son de la messe et des matchs car dans les deux cas il y a rituel et culte.
Course en bateau serpent dans les blackwaters ,2009. 1’09”.
Produced and directed by ORLAN.
Manteau d’Arlequin, 2008, 8’50.
English. Directed by ORLAN and produced by ORLAN and SymbioticA.
Dans la préface du Tiers-instruit, intitulée “Laïcité”, Michel Serres décrit l’Arlequin qui, ayant progressivement enlevé toutes ses couches de vêtements patchwork durant un tour du monde, présente une peau elle aussi sous forme de patchwork. ORLAN a été très inspirée par cet ouvrage qu’elle lira durant la performance Biopsie.
Cette performance sous la forme d’une intervention médicale a été réalisée en 2007, lorsqu’ORLAN a été invitée en résidence durant trois mois à l’université de Perth en Australie où ils ont créé le laboratoire SymbioticA par l’intermédiaire d’Oron Catts et de Ionat Zurr dans le département d’anatomie et de biologie humaine en collaboration avec Jens Hauser, technicien du BioArt.
La mise en scène était minimale : autour du lit d’hôpital, sur lequel ORLAN se trouvait, vêtue d’un tissu arlequin, se trouvait deux draps du même tissu, l’un en velours et l’autre en satin.
Une incision en forme de losange a été pratiquée au pli de l’aine par Fiona Wood, chirurgienne spécialiste des grand.e.s brûlé.e.s.
Produced and directed by ORLAN. Special effects by Aliocha Imhoff.
Laïcité / Suture, 2007, 2’13”.
French. Directed by ORLAN and produced by ORLAN and The Modern Art Museum of Saint-Etienne.
Bien que… oui mais…, 2003, 2’36”.
Produced and directed by ORLAN. Soundtrack by Frédéric Sanchez.
Oscillation – Plan du film, 2002.
Produced by Frédéric Comtet and ORLAN.
En 1989 et 1992, ORLAN a reçu deux bourses du FIACRE et des Fonds d’Innovation Artistique et Culturel en Rhône-Alpes, pour partir en résidence à Chennai (ville à l’époque appelée Madras), en Inde. À l’occasion de son second voyage d’une durée de trois mois et demi, elle était accompagnée par Stephan Oriach, un réalisateur avec qui ORLAN avait collaboré dans le passé.
Son voyage en Inde s’inscrivait dans “le plan du film”, une série d’œuvres imaginée à partir de la lecture d’une citation de Jean-Luc Godard : « La seule grandeur de Montparnasse 19 de Jacques Becker est d’être non seulement un film à l’envers, mais en quelque sorte l’envers du cinéma. » Le concept était de prendre à la lettre Godard, de créer un film à l’envers, en commençant par l’affiche et la promotion avec la bande-annonce, letrilles, une bande son, composée par le groupe Tanger, et une émission de télévision pour le lancement du long-métrage. ORLAN a fait appel à une agence de publicité, Publidécor, spécialisée dans les affiches de cinéma peintes des années 1950, avec qui ORLAN crée quatorze affiches peintes à partir de photos de l’artiste et de photos d’œuvres recyclées. Son intention à travers ces affiches peintes à la main, à l’acrylique sur des toiles de 3 m x 2 m, était de raconter sa vie dans l’art. ORLAN a fabriqué ces affiches en mettant en scène le nom de ses ami.e.s du milieu de l’art du moment, et un nom ou deux noms de vedettes du cinéma faisant croire à l’existence du film. Elle a également monté une fausse conférence de presse avec la complicité du réalisateur Bigas Luna et du commissaire d’exposition Lorand Hegyi à l’occasion d’une biennale de Valencia. Elle a convié de nombreux journalistes afin de leur parler d’un film qu’elle aurait tourné et qui n’existait pas réellement.
La Réincarnation de Sainte ORLAN ou images nouvelles images / 7ème Opération-chirurgicale-performance dite Omniprésence. 21 novembre 1993, 21’11”.
La 7ème opération-chirurgicale-performance dite Omniprésence a eu lieu le 21 novembre 1993 à New York en collaboration avec la Sandra Gering Gallery.
Lors de cette opération, ORLAN a été opéré par la chirurgienne féministe Dr. Marjorie Kramer et costumée par la créatrice Lan Vu et son équipe. Les photographes furent Robert Puglisi et Vladimir Sichov pour Sipa-Press (les photos sont libres de droits).
Parmi l’équipe médicale et l’équipe du STUDIO ORLAN, il y avait une femme spécialiste du langage des signes pour sourds et malentendants, et ce personnage était là pour rappeler que nous sommes tous et toutes à certains moments sourd.e.s et malentendant.e.s. Sa présence dans le bloc opératoire mettait en scène un langage du corps. Il y avait aussi comme assistant Raphaël Cuir, le vidéaste Tom Klinkowstein qui s’occupait de la transmission par satellite, Sophie Thompson se chargeait de la traduction en anglais et la fameuse speakerine vedette de l’époque Connie Chung qui avait demandé à être dans le bloc opératoire avec ORLAN et a fait un sujet complet diffusé sur CNN aux informations du soir à 20h. Elle est venue en France assister au mariage d’ORLAN avec Raphaël Cuir en Sologne.
Lors de cette opération mythique, ORLAN a fait poser des implants en silicone solide que l’on met habituellement sur les pommettes pour les rehausser sur les deux côtés de son front. L’idée était de faire une opération qui ne devez pas apporter de la beauté mais au contraire de l’indésirabilité, de la monstruosité. ORLAN a voulu démontrer que la beauté est un dictat de l’idéologie dominante en un point géographique et historique au fil du temps. Ces bosses sont devenues des organes de séduction. ORLAN dit “c’est ma décapotable”.
Cette performance fut retransmise en direct via satellite grâce à Christian Vanderborght au Centre Georges Pompidou à Paris, au centre Mac Luhan à Toronto, au Centre multimédia de Banff, au Canada, en Belgique, en Allemagne, en Lettonie, au Japon, aux Pays-Bas, à New York, à Santa Monica et en France à Nice et à Lyon. Les spectateurs et spectatrices pouvaient donc assister depuis plusieurs pays dans le monde à l’opération et pouvaient poser des questions auxquelles ORLAN répondait en direct dès que le geste opératoire le permettait. Les participants à la transmission par satellite au Centre Georges Pompidou étaient Gladys Fabre, Jean-Paul Fargier, Christian Vanderborght et François Barré, président du Centre, entre autres.
La Réincarnation de Sainte ORLAN ou images nouvelles images / 5ème Opération-Chirurgicale-Performance dite Opération Opéra, 06 juillet 1991
La 5ème opération-chirurgicale-performance dite Opération-Opéra a eu lieu le 06 Juillet 1991 à Paris.
Lors de cette opération, ORLAN a été opéré par Dr. Chérif Kamel Zahar et costumée par le créateur Franck Sorbier. Durant la performance, l’artiste a lu “Le Tiers Instruit” de Michel Serres.
La Réincarnation de Sainte ORLAN ou images nouvelles images / 4ème Opération-Chirurgicale-Performance dite Opération Réussie 6’16”, 08 décembre 1990
La 4ème opération-chirurgicale-performance dite Opération Réussie ou l’ultime chef d’œuvre a eu lieu le 08 Décembre 1990 à Paris.
Lors de cette opération, ORLAN a été opéré par le Dr. Bernard Cornette de Saint-Cyr et costumée par le créateur Paco Rabanne.
Durant la performance, l’artiste a lu “La Robe” d’Eugénie Lemoine-Luccioni et Lacan. Le photographe fut Alain Dohmé pour Pipa-Press. ORLAN invite le danseur Jimmy Blanche a faire un striptease, à danser et à chanter pendant l’opération.
L’œuvre Sainte-ORLAN et les vieillards est une vidéo et une série photographique créée en 1983. Cette œuvre fait référence à Suzanne et les vieillards, mais également à la Leçon d’anatomie de Rembrandt. À l’époque, ORLAN animait un atelier d’art-thérapie à l’hôpital d’Ivry-sur Seine et a proposé aux vieillards qui y participaient de figurer dans cette œuvre.
Le tournage a eu lieu dans une école de photographie ACE3P qui avait bien voulu leur prêter les lieux et du matériel professionnel en échange d’un workshop avec leurs étudiant.e.s. ORLAN a drapé ces vieux hommes dans de très beaux tissus. Ils étaient comme dans un rêve, car beaucoup n’étaient pas sortis de l’hôpital depuis longtemps et restaient en pyjama et en pantoufles. ORLAN leur a demandé de tendre les bras en l’air comme sur l’assomption du Titien qu’elle leur montrait, certains avaient du mal à se concentrer, à rester en place immobiles, d’autres ne comprenaient pas tout à fait où ils se trouvaient et ce qu’ils étaient censés faire, certains levaient brièvement les bras et les rabaissaient tout de suite et ceci avec des mains « crochetées » par l’arthrite, mais un homme a particulièrement retenu son attention. Il était remarquable, car il gardait constamment les bras en l’air, tellement qu’ORLAN a dû plusieurs fois lui recommander de baisser les bras. Plus tard alors alors qu’elle la ramener dans sa chambre il lui a dit fièrement “savez-vous pourquoi mes bras sont si forts? Parce que j’ai porté des casiers de bières toute ma vie”.
Étude documentaire : Le Drapé-Le Baroque : Skaï and Sky et Video, Vierge au papier bulle, nuages et vidéo 1983
Le Drapé Baroque,1979
On a dit que le baroque était le monstre du classicisme, et que les femmes étaient le monstre de l’homme ! Les détracteurs du baroque disent qu’il est de très mauvais goût, qu’il est dans le “trop”.
En 1980, ORLAN voyage en Italie pour étudier le baroque et comprendre cette aversion. Ce voyage d’étude lui a permis de repérer des œuvres d’une très grande importance dans l’Histoire de l’Art. Le baroque a beaucoup apporté à ORLAN qui a travaillé autour de cette problématique pendant plus de dix années dans sa grande série Etude Documentaire : le Drapé-le Baroque.
La culture judéo-chrétienne nous demande de choisir entre le bien « ou » le mal. Le baroque a invité l’artiste à réfléchir sur ce « ou » et à utiliser le « et » : le bien « et » le mal car dans l’œuvre du Bernin qui l’a beaucoup inspirée, il nous montre La Sainte-Thérèse jouissante de la flèche de l’ange dans une extase extatique « et » érotique. Jacques Lacan en a beaucoup parlé dans son ouvrage Encore.
La plupart de ses œuvres sont parties de cette leçon du baroque.
ORLAN CORPS / SAINTE ORLAN, 1979. Performance. Produced and directed by ORLAN.
Mise en Scène pour un Grand Fiat, 1984.
La vidéo est constituée de plusieurs séquences, chacune présentée par ORLAN telle une spectatrice qui annonce le titre de chaque clip, dont une Sainte-ORLAN fait sortir le feu de son cul ! ; Sainte-ORLAN sort un grand lapin de son sexe ; ORLAN travestie en Sainte-ORLAN lance des flèches et retourne son cœur pour quelques paillettes ; Sainte-ORLAN s’inscrit ton sur ton entre ses pères et tonsure …
Avec très peu de moyens, ORLAN retravaille la vidéo en post-production avec des effets spéciaux très avant-gardiste pour l’époque. A cette occasion, elle crée un masque imprimé avec une photo de sa vulve. Elle utilisera cet accessoire à de nombreuses reprises par la suite notamment dans sa performance Kiss on pussy. Elle est vêtue d’une robe en toile photographique représentant son corps nu qu’elle avait créé pour sa performance S’habiller de sa propre nudité. Mise en scène pour un grand fiat est une vidéo humoristique. Dans cette œuvre, ORLAN intègre un texte qu’elle avait écrit à la mort de son père qui avait pour habitude la nuit de poser des lucioles sur son chapeau. Le texte dit « Tu as mis toutes les lucioles de la terre autour de ton chapeau et tu t’es enfoncé dans la nuit je sais désormais d’où viennent les étoiles. » La vidéo parle de ses deux pères : un pour la vie, François, un pour son art, Marcel et sa tonsure en étoile.
ORLAN a présenté cette vidéo dans une installation multi-écrans dans un chapiteau aménagé dans le cadre du Festival d’Art Électronique à Toulouse en 1986.
Le baiser de l’Artiste (1977) est une grande sculpture composée d’un piedestal peint en noir. D’un coté, debout l’effigie d’ORLAN grandeur nature en photo noir et blanc, déguisée et drapée en madone.
Pour 5 francs, il était possible de mettre des cierges à Sainte-ORLAN.
De l’autre, une photographie noir et blanc grandeur nature représentant son buste, sur lequel était positionnée au niveau de son sein une lampe rouge clignotante, et une flèche désignant la fente où on pouvait voir la pièce de cinq francs tomber dans un oesophage en plastique transparent jusqu’à un pubis de même nature. La performance a duré 30 minutes, et 17 participant.e.s ont eu le privilège d’acheter un baiser d’artiste.
Ça se passait au Grand Palais et pour cette somme, ORLAN donnait un vrai baiser d’artiste, pas un bisou enfantin mais un french kiss… Il en a résulté un très grand scandale médiatique, à tel point que la foire internationale d’art contemporain n’a jamais eu autant d’articles de presse classés non pas à FIAC mais à “baiser de l’artiste”. ORLAN a également été invitée sur de nombreux plateaux de télévision.
À la suite de cela, ORLAN a été virée de l’école dans laquelle elle enseignait pour former des animateurs socio-culturels. Ses élèves ont immédiatement fait grève et ont créé des chansons à la gloire du “baiser de l’artiste” et à sa gloire, demandant qu’elle soit réintégrée, ce qui n’a jamais eu lieu…
Il s’en est suivi une période terrible où elle n’avait plus d’argent, elle ne savait pas où dormir, et n’avait pas de quoi manger. Elle a perdu son atelier et beaucoup d’œuvres car on y avait mis les scellés.
ORLAN a finalement réussi un concours pour être professeure dans une école des Beaux Arts à Dijon et il y a eu plusieurs “happy end”. La sculpture a été achetée par une collection publique, le FRAC des Pays de la Loire. Cette oeuvre a voyagé dans le monde entier dont aux Etats-Unis dans l’exposition Wak et l’oeuvre a été réclamée par la FIAC pour ses trente ans d’anniversaire. Elle fut présentée à l’entrée protégée par des vitres et sur le mur en grand était écrit “Le Baiser de l’artiste l’oeuvre qui a le plus impactée l’histoire de la FIAC”.
Le Baiser de l’artiste, Caldas da Rainha, Portugal, 1977
S’habiller de sa propre nudité, Caldas da Rainha, Portugal, 1977
MesuRage d’Institution : le Centre Georges Pompidou, 1977, 1’43”
ORLAN réalise sa série de performances des MesuRAGE entre 1968 et 2017. Comme le nom de l’artiste s’écrit chaque lettre en majuscule, le terme de RAGE insiste sur sa volonté de ne pas rentrer dans la ligne, dans les rangs, et le refus de ne pas jouer le rôle que la société veut nous imposer.
À travers ces performances, ORLAN utilisait son corps comme un nouvel instrument de mesure : l’ ORLAN-CORPS. ORLAN a utilisé ce principe pour mesurer des rues portant le nom de stars historiques (la plupart bien sûr, sont des hommes sauf rares exceptions) et pour mesurer des institutions culturelles comme le Guggenheim, le musée Saint-Pierre des Beaux-arts à Lyon, le Centre Georges Pompidou, le musée Andy Warhol à Pittsburg et le M HKA à Anvers, ORLAN a aussi mesuré l’unité Le Corbusier à Firminy, le Vatican et bien d’autres lieux.
L’idée de cette performance était de reprendre la théorie de Protagoras « l’Homme est la mesure de toute chose », en disant « l’Humain est la mesure de toute chose », en l’appliquant très concrètement à une méthode pseudo-scientifique de mesure.
Le protocole des MesuRAGEs est très précis : ORLAN enfile une robe faite avec les draps de son trousseau, toujours la même jusqu’à usure, complète ou presque. Elle a créé plusieurs installations avec la robe entre deux cloisons de verre ou de Plexiglas.
ORLAN mesure le lieu déterminé à l’aide de son corps en s’allongeant au sol et en traçant un trait à la craie derrière sa tête, puis elle se met à quatre pattes et avance de nouveau et s’allonge sur le dos en mettant ses chaussures au ras du trait. ORLAN comptabilise le nombre de fois que son corps est contenu dans cet espace, et ses témoins comptent à voix haute, « Un ORLAN-CORPS, deux ORLAN-CORPS, trois ORLAN-CORPS… ». Ensuite, chacun des témoins signe le constat établi au tout début de la performance sur une grande feuille de Canson attachée à un carton à dessin posé sur place un chevalet, et il est finalisé en marquant le nombre d’ORLAN contenus dans l’espace avec les signatures de chacun.e.s des témoins et la signature d’ORLAN.
Ensuite, elle quête de l’eau, ôte sa robe et la lave en public. Elle fait des prélèvements de cette eau sale, prélèvements dans des flacons qui seront ensuite étiquetés, numérotés et cachetés à la cire pour faire une édition avec la photo du constat. Ensuite, ORLAN expose dans des galeries ou des musées ces prélèvements, les constats, des photographies et des vidéos, ainsi que des plaques commémoratives, et son effigie grandeur nature avec la dernière pose, telle la statue de la liberté, la robe ou encore l’instrument de mesure l’ORLAN-CORPS, donc tous reliquats concrets, les pièces à convinction de ces moments éphémères.